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Le Château de Saussignac
 
 
Comme une sentinelle indestructible surveillant tout le pays environnant, la massive silhouette du Château de Saussignac continue de régner sur les vignes et les bois qui entourent le village où il fut érigé à la fin du XXVIème siècle, dans un style classique, un peu Janséniste, sur les fondations d’une villa Gallo-romaine beaucoup plus ancienne, dont on retrouve encore des éléments dans les soubassements voutés.

Le logis est encadré entre de gros pavillons de plan carré, eux-mêmes prolongés en équerre par des ailes à étages. Autrefois, il y avait de vastes jardins et belles terrasses à l’arrière du château, et on y accédait devant par une cour d’honneur et une grande avenue. Le village a depuis empiété sur cette partie et lui a enlevé cette perspective.

D’influence renaissance, la très belle façade du pavillon nord n’est pas sans rappeler les pavillons d’Hautefort. Plus austère, avec des ouvertures étroites et moins nombreuses, le pavillon sud est clairement plus ancien. A l'origine, les toits d’ardoise étaient scandés de lucarnes ou interrompus par des baies à meneaux. Le toit d’ardoise central fut remplacé par de la tuile en terre cuite après un incendie.


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Louise de La Béraudière, épouse de Louis d'Estissac, Baron de Saussignac.


La toute puissante famille d’Estissac, seigneurs de nombreux fiefs dans la région tenait aussi celui de la Baronnie de Saussignac depuis le XIIIème siècle. Elle y construisit les Tours de Lenvège où elle demeura longtemps. Le dernier des Estissac fut tué en duel vers 1586 par Biron, et par voie d’héritage le fief passa aux mains des  « Caumont-Lauzun ».

Vers 1610, Gabriel Nompar de Lauzun, le père du « Beau » Lauzun, célèbre dans l’histoire de France pour avoir été l’amant de la Grande Mademoiselle, cousine du Roi Louis XIV, entreprit la construction du château actuel. Après sa mort, son successeur le vendit en 1617 à Pierre d’Escodeca de Boisse pour 157 000 livres. La construction fut poursuivie, mais resta inachevée, Pierre d’Escodeca de Boisse ayant été assassiné en 1621 par son fils, son gendre et le Huguenot Savignac d’Eynesse. Ces farouches protestants n’admettaient pas le ralliement de Pierre d’Escodeca à Louis XIII, donc à la cause catholique. En vertu de l’Edit de Nantes, le Château de Saussignac fut considéré place réservée au culte protestant, alors que le culte catholique se célébrait dans la Chapelle de Fayolle.

La construction du Château de Saussignac s’est étalée sous les règnes successifs de Charles IX, Henri III, Henri  IV,  Louis XIII, et les régences de Catherine de Médici et Marie de Médici. A la révolution, le château était tenu par la famille des Pons Saint-Maurice. Après la révolution de 1789, les seigneurs émigrés furent dépossédés de leurs biens, mais en partie indemnisés au retour de Louis XVIII. Le dernier propriétaire du château fût le Comte du Bois de la Mothe qui mourut en 1826. La légende dit que dans les caves voutées, on y découvrit le coffret à bijoux d’une châtelaine dont les somptueux diamants (100 000 écus de l’époque) permirent la reconstruction de l’Eglise actuelle, après un long procès entre la Cure et le Bois de la Mothe. Après cette date, le château resta longtemps inhabité, puis fut vendu en parcelles.

Actuellement, la bâtisse est scindée en six parties, dont cinq sont privées. La commune de Saussignac possède l’aile ouest, occupée la salle des fêtes et un caveau à l’étage inférieur. Malgré cela, le Château de Saussignac mérite une visite !


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Anecdote : On ne saurait oublier la découverte faite il y a vingt-cinq ans ans du « fameux trésor de Saussignac ». Cette trouvaille qui n'enrichit personne avait pourtant une valeur considérable. Elle comprenait les bijoux de la dernière châtelaine de Saussignac, cachés par son mari et ignorés de son fils, le comte du Bois de La Mothe, qui soutint à leur sujet un long procès.