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Les Tours de Lenvège


Construites aux alentours de 1250, elles furent le siège de la première baronnie de Saussignac. Cette forteresse fut possédée d'abord par les Roquefort, seigneurs de Bridoire. Elle passa plus tard aux d'Estissac, et suivit le sort de la juridiction de Saussignac dont elle fut longtemps le siège. Composée d'un corps de logis de deux niveaux et attiques, inséré entre deux tours carrées à trois et quatre niveaux chapotée de toits en croupes.

Les capitaines qui commandent sa garnison comptent parmi les plus audacieuses épées qui s’illustrent à la guerre de Cent Ans. En 1345, le château est assailli par le comte de Derby mais il fut vaillamment défendu par Hélie Ferdinand II, seigneur d’Estissac, et une troupe de soldats de Du Guesclin. Les Tours de Lenvège sont à cette époque appelées le castel de Salignac. Ils gardent ce titre jusqu’au jour où le comte de Lauzun voulant égaler ses cousins de Caumont, fait tracer dans le bourg de Saussignac les fondements de l’imposante habitation qui deviendra le Château de Saussignac. Inachevé, il n’en détrône pas moins l’ancien manoir démodé et devient le chef-lieu de la juridiction.

Au cours du XVIème siècle, l'édifice a l’honneur d’abriter à plusieurs reprises trois des plus illustres figures de l'histoire littéraire : Pierre Bourdeille - le célèbre abbé de Brantôme - proche parent des d’Estissac, Rabelais - l’illustre curé de Meudon - qu’une étroite amitié unit à l’Evêque de Maillezais, frère du seigneur de Saussignac. Michel de Montaigne dédie un des chapitres de ses Essais à une dame de Saussignac : Louise de La Béraudière, épouse de Louis d'Estissac (baron de Saussignac), a laissé dans l'histoire un long renom de galanterie et de beauté. Montaigne occupe aussi une place importante pour Louise car c’est lui qui lui propose d’emmener son fils Charles d’Estissac, excellent en escrime, en Suisse, Allemagne et Italie pour se perfectionner dans sa discipline auprès de maîtres italiens. Il n’avait alors que dix ans. Lors de son second mariage, Louise pense à Montaigne. Mais celui-ci est marié à Françoise de la Chassaigne. Ainsi, les amants feraient leur vie de leur côté. Il ne la cite qu’une fois dans ses Essais par rapport à Mme D’Estissac pour laquelle est consacrée le chapitre VIII dans son tome II (en ligne ici https://fr.wikisource.org/wiki/Essais/Livre_II/Chapitre_8).

Les Tours de Lenvège, ruinées par le temps et les incendies furent complètement restaurées au XIXème et XXème siècles avec grand respect historique. Elles présentent un remarquable modèle des habitations féodale au temps de Saint Louis.


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Anecdote : Un drame de désespoir se joua, paraît il, au XIVème siècle. La forteresse fut prise d'assaut malgré une héroïque défense. Dans la place, se trouvaient sans doute les demoiselles d'Estissac ; craignant le pire et préférant l’honneur à la vie, elles jetèrent dans un puit desséché leurs bijoux, colliers et parures sur de larges coussins, et s'y précipitèrent elles-mêmes. Le puits bientôt découvert par les nouveaux maîtres de la place, fut inexorablement comblé. Une mort atroce descendit sur ces frêles créatures. Depuis, il semblerait que la Dame Blanche se promène parfois les soirs de pleine lune.